Ecrits sur les Marionnettes

Origine religieuse et "prototype" du comédien :

La marionnette n'est donc pas, comme on serait tenté de le croire, une imitation du comédien.
C'est au contraire l'acteur qui est historiquement un substitut, honteux d'abord, de la marionnette.
Histoire des marionnettes par Gaston Baty et René Chavance(page 16)


L'origine de la marionnette est avant tout une création religieuse.
En effet ce sont les prêtres qui les premiers utilisairent les marionnettes pour illustrer les sermons, expliquer les mythes propres à la religion et rendre plus vivantes les effigies des dieux.
http://souriredp.free.fr/


On s'en sert pour illustrer les mythes fondateurs de la religion.
Plus tard, elles se sécularisent en racontant les exploits des héros légendaires.
Elles finissent par se rapprocher de plus en plus du quotidien des gens, essentiellement par le biais de l'humour et de la fantaisie.

Ce rapport entre les marionnettes et la religion est important principalement pour trois raisons.
- La première, c'est qu'il s'agit d'une constante que l'on retrouve chaque fois qu'on tente de retracer l'origine des représentations de marionnettes dans une société quelconque.
- La seconde, c'est que les marionnettes mettent l'humain en contact avec son imaginaire plus que ne peuvent le faire des acteurs de chair.
- La troisième est que le théâtre de marionnettes à cause de ses liens avec la religion a probablement précédé le théâtre d'acteurs.
Des indices nous amènent à penser qu'avant d'être profane le théâtre fut sacré et qu'avant les acteurs en chair et en os il y eut les acteurs en bois: les marionnettes!
href="http://www.marionnettes.ca/


La marionnette n’a de réalité que celle qu’on lui prête, contrairement au comédien qui possède et conserve en tant qu’être humain sa réalité même lorsqu’il incarne un rôle.
Cette illusion de réalité produite par le jeu de marionnette implique une adhésion totale et complice du spectateur à ces nouvelles conventions esthétiques. ...
« Le jeu de la marionnette se situe dans l’illusion, il exige une puissance créatrice, une faculté de transposition, de transfiguration »... A.C. Gervais.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marionnette

La marionnette à gaine :

" Montée sur la main du joueur, s'animant de son fluide, la marionnette à gaine est capable d'un mouvement, d'une vivacité, d'une expression extraordinaires ! C'est un instrument théâtral dont les possibilités sont plus étendues qu'on ne saurait le croire. Cette figure sans jambes et aux bras trop courts peut déconcerter au premier abord. Mais à mesure qu'elle joue, elle s'anime ; elle rit et elle pleure ; elle a faim ; elle a mal ; elle aime ; elle s'amuse ; elle rêve. On oublie l'opérant caché dans le dessous. Il n'y a plus que cet être paradoxal. Sa structure le préserve du danger de devenir tout à fait notre pareil ; il est à jamais irréel. Il ne saurait exister ailleurs que sur cette scène ; mais sur cette scène, il vit. "
Gaston Baty cité par Emilie Valantin
Sur ce dernier point, Gaston Baty a raison. Comme je le remarquai plus haut, on ne peut sortir un personnage du castelet. Sans précaution on voit le bas de la gaine. Sans la main du manipulateur et l'espace inférieur masqué à partir de la bande, il n'est plus rien. [] Sans la main de l'officiant, plus rien… au contraire de la marionnette à fil… qui garde plus de consistance, qui séduit en elle-même (voir leur succès en exposition !) Mais " sans doute le contact entre elle et le joueur qui la dirige n'est-il pas assez immédiat " rajoute Baty, très sensible à " l'animation ", au sens propre, de la marionnette à gaine.

L'art de la marionnette (George Sand) :

L'art de la marionnette La marionnette obéit sur la scène aux mêmes lois fondamentales que celles qui régissent le théâtre en grand. C'est toujours le temple architectural, immense ou microscopique, où se meuvent des appétits ou des passions. Entre le Grand-Opéra et les baraques des Champs-Élysées, il n'y a pas de différence morale. Le Méphisto de Faust est le même Satan que le diable cornu de Polichinelle. Polichinelle, Faust, Don Juan ne sont-ils pas le même homme, diversement influencé par l'éternel combat entre la chair et l'esprit ? Il n'y a donc pas deux arts dramatiques, il n'y en a qu'un. Mettre des marionnettes en scène est un acte qui réclame autant de soin et de savoir que celui d'y mettre de véritables acteurs. Les procédés ont même des points de ressemblance. Les gens qui ne sont ni de l'un ni de l'autre métier, croient généralement que tous les mouvements et toutes les intonations s'improvisent librement à la représentation. Ils ne savent pas que le long et minutieux travail des répétitions consiste à emprisonner, à garrotter l'acteur dans la convention de son rôle avecune précision automatique. La longue histoire des marionnettes prouve qu'elles peuvent tout représenter, et que, jusqu'à un certain point, ces êtres fictifs, mus par la volonté de l'homme qui les fait agir et parler, deviennent des êtres humains bien ou mai inspirés pour nous émouvoir ou nous divertir. Tout le drame est dans le cerveau et sur les lèvres de l'artiste ou du poète qui leur donne la vie. …

Nature du personnage incarné par la marionnette (George Sand):

En effet, la marionnette classique, tenue dans la main, est, par la nature de son agencement, un être exclusivement burlesque. Ses mouvements souples ont de la gentillesse, mais ses gestes sont désordonnés et le plus souvent impossibles. C'est donc un personnage impropre aux rôles sérieux, et il avait fallu tout le talent de nos operanti, pour nous attendrir et nous effrayer dans certaines situations. Presque toujours ils nous donnaient des parodies de mélodrame ou des pièces bouffonnes. Les titres de quelques-unes en font foi, comme Oswald l'Écossais, L 'Auberge du haricot vert, Sang, sérénades et bandits, Robert le maudit, Les sangliers noirs, Une femme et un sac de nuit, Les Filles brunes de Ferrare, Le Spectre chauve, Pourpre et sang, Les Lames de Tolède, Roberto le bon voleur, L 'Ermite de la marée montante, Une tempête dans un coeur de bronze, Le Cadavre récalcitrant, etc. Les sujets bouffons étaient souvent inspirés par les impressions du moment, une aventure ridicule dans le monde politique ou artiste, une chronique locale, un récit amusant ou singulier, la visite de quelque personnage absurde, un intrus dont on faisait la charge sans qu'il se reconnût, tout servait de thème à la pièce établie en canevas en quelques heures et jouée quelquefois le soir même. Nous avons dû à ce charmant petit théâtre des distractions bienfaisantes, des soirées d'expansion et d'oubli d'un prix inestimable.